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MARCO MARCIANO

S’éloigner pour avoir une première opportunité. Accepter un salaire dérisoire pour cette dite opportunité. Voilà le lot de bien des entraîneurs de hockey. Marco Marciano n’y fait pas exception. Il en a fait des sacrifices avant de devenir entraîneur de la vidéo et des gardiens du Rocket.

Raphaël Doucet 91.9 Sports

Après avoir été lui-même gardien dans le junior AAA, Marciano décide d’accrocher ses jambières. C’est en 2000, à 18 ans.

Il souhaite toutefois demeurer dans le monde du hockey. Ses parents lui suggèrent donc de contacter Martin Laperrière, alors entraîneur des Régents de Laval-Laurentides-Lanaudière (LLL), dans le midget AAA. « Martin n’avait rien pour moi, mais il m’a fait entrer comme responsable des gardiens du sports-études de l’école secondaire Georges-Vanier, raconte Marciano, aujourd’hui âgé de 37 ans. J’y ai notamment coaché Jonathan Bernier, qui est aujourd’hui avec les Red Wings. Dans le temps des Fêtes, Martin m’a rappelé et m’a nommé entraîneur des gardiens et de la vidéo des Régents. J’avais 18 ans et je coachais des gars de 15, 16 et 17 ans! »

Au hockey, comme dans plusieurs domaines, c’est souvent une question de contacts. Avec les Régents, Marciano coachait avec Francis Vincent, le frère de Pascal.

En 2003, à l’aube d’entamer sa cinquième saison comme entraîneur-chef des Screaming Eagles du Cap-Breton, dans la LHJMQ, Vincent avait besoin de renfort pour décortiquer les séquences vidéo et pour guider ses portiers, Martin Houle et un certain Marc-André Fleury. « Pascal m’a appelé et au début, je n’étais pas sûr. Le Cap-Breton, c’est loin en ta! Et je partais pour pratiquement zéro salaire. On allait payer ma pension et mes repas, that’s it. Je me suis dit: T’as 21 ans, vas-y! T’as rien à perdre! J’ai beaucoup appris pendant mes deux années au Cap-Breton et ça m’a ouvert des portes. »

Une porte s’est effectivement ouverte chez Hockey Québec en 2005-2006, avec l’équipe des moins de 17 ans. Marciano y a côtoyé des entraîneurs aujourd’hui bien connus comme André Tourigny, Gilles Bouchard et Dominic Ricard.

L’or en 2010

Marciano est ensuite retourné deux saisons dans la LHJMQ, avec les Voltigeurs de Drummondville, où Ricard avait vanté ses mérites. Melodie Davidson l’a ensuite appelé. Il avait rencontré la pilote de l’équipe canadienne aux Jeux du Canada, avec Équipe Québec. Davidson lui a demandé de superviser les gardiennes de Team Canada en vue des Jeux olympiques de Vancouver, en 2010.

Encore une fois, Marciano a dû partir loin de sa maison pour poursuivre son rêve. Il a notamment passé la saison 2009-2010 à Calgary, où les joueuses de l’équipe nationale étaient centralisées pour se préparer en vue des Jeux. À Vancouver, Marciano était aux premières loges pour assister aux deux buts de Marie-Philip Poulin dans cette victoire magique des Canadiennes sur les Américaines. On s’en souvient tous.

Il avait encore sa médaille d’or accrochée au cou, ou presque, que son téléphone sonnait. Pascal Vincent revenait à la charge, lui qui dirigeait maintenant le Junior de Montréal. « Pascal avait tâté le terrain avant les jeux, mais je lui avais dit à quel point c’était important pour moi, se souvient Marciano. J’avais travaillé fort avec les filles et je voulais vivre des Jeux olympiques au Canada. Après Vancouver, il m’a offert de m’occuper des gardiens du Junior. Quand il m’a dit le salaire, j’étais sous le choc! C’était pas grand-chose. En plus, je voulais amener le jeune Maxime Vaillancourt avec moi, pour qu’il me seconde avec les gardiens et me libère de mes responsabilités vidéo. J’ai moi-même donné à Max une partie de ma paye! Mais je ne regrette rien. C’était ma chance de revenir coacher près de chez-moi. »

L’appel des pros

Après une saison avec le Junior et deux autres avec l’Armada de Blainville-Boisbriand — où le Junior avait déménagé —, Marciano a reçu l’appel tant attendu: celui des pros.

Les Bulldogs de Hamilton le voulaient comme entraîneur de la vidéo. Après Pascal Vincent et Dominic Ricard, ce fut au tour d’un autre vieux chum, Vincent Riendeau, de recommander ses services auprès de l’état-major du CH. Les deux avaient travaillé ensemble au Cap-Breton.

En 2015-2016, les Bulldogs sont devenus les IceCaps de St. John’s et Riendeau est passé d’entraîneur des gardiens à directeur général adjoint. Marciano lui a succédé et aujourd’hui, il continue d’occuper les mêmes fonctions avec le Rocket, à sa septième saison avec l’organisation du Tricolore.

Étant également en charge de la vidéo, Marciano partage un rêve commun avec ses protégés du Rocket: celui de travailler, un jour, dans la Ligue nationale. « Les gardiens et moi, on est heureux dans la Ligue américaine, mais on vise encore plus haut, lance-t-il. Mais j’aime beaucoup l’ambiance et les objectifs d’un club-école. Développer un jeune gardien et l’aider à réaliser son rêve de jouer dans la LNH, c’est passionnant. Derrière chaque gardien, il y a un être humain. Et cet être humain a besoin d’être écouté, aidé, encouragé, guidé. C’est ce que j’essaie de faire. Ce n’est pas moi qui suis devant le filet, mais j’essaie d’aider mes gardiens à être le plus prêts possible quand ils s’y installent. »

Et depuis l’an dernier, Marciano oeuvre aux côtés de l’entraîneur-chef Joël Bouchard, avec qui il a déjà travaillé chez le Junior et l’Armada. Une autre preuve que, souvent, Marciano demeure en bons termes avec ses anciens collègues.

Ça en dit long sur le type d’individu qu’il est.