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LES 48 HEURES LES PLUS FOLLES DE KARL ALZNER

Le 20 mars dernier, Karl Alzner a eu la chance de devenir père pour la troisième fois, avec l’arrivée du petit Bennett. Mais le bonheur s’est rapidement transformé en inquiétude, alors que fiston s’est mis à cracher du sang moins de 48 heures après sa naissance. Voici l’histoire.

Raphaël Doucet – 91.9 Sports

Le soir même de la naissance de Bennett, le véritable professionnel qu’est Alzner voulait enfiler le chandail du Rocket contre les Bruins de Providence, à Laval. Son entraîneur-chef, Joël Bouchard, lui a toutefois donné congé pour qu’il demeure auprès de son épouse, Mandy, et du bébé.

Très tôt le lendemain, soit le jeudi 21, Alzner s’est entraîné sur la glace de la Place Bell avant de prendre place à bord de l’autobus du Rocket en direction d’Utica, dans l’État de New York. « Mandy m’a appelé le jeudi soir pour me dire que Bennett était sous observation, puisqu’il toussait du sang, raconte Alzner. Les docteurs ne savaient pas ce qu’il avait. Je n’ai pas dormi de la nuit. Très tôt le vendredi, elle m’a rappelé et la situation ne s’améliorait pas. Quand ça touche ton enfant, tu réagis avec émotion. Dans ma tête, il n’y avait qu’une solution: louer une voiture pour revenir le plus rapidement à Montréal pour prendre soin de ma femme et de mon fils. J’ai appelé Joël et il m’a dit: ‘Go!’ »

Utica-Montréal dans la tempête

Le vendredi matin, Alzner a donc bravé la tempête pour faire le trajet Utica-Montréal. Ç’a été beaucoup plus long que les 4h30 habituelles, vu la chaussée enneigée et la visibilité réduite.

Au volant, pendant ces heures qui n’en finissaient plus, ça allait vite dans sa tête. « Je pensais à ma femme, qui devait être triste et apeurée, seule à l’hôpital, dit-il. Je repensais aussi à toute la grossesse de Bennett, qui a été très différente des deux premières [Stella et Anson]. De un, c’est le premier enfant que l’on a eu de façon naturelle; les deux autres se sont faits in vitro. Tout au long de la grossesse, on se disait: ‘Pourquoi ça a fonctionné pour lui, mais pas pour les deux autres?’. Dans notre for intérieur, c’est comme si on se disait que Bennett était différent et que quelque chose pouvait arriver à tout moment. On était inquiet, on avait hâte qu’il naisse. L’accouchement a été très long et quand il s’est mis à tousser du sang, les docteurs ont dit à ma femme de ne pas s’inquiéter. Ils la rassuraient, mais on avait peur. Rendu aux douanes, Mandy m’a appelé pour me dire que tout semblait rentrer dans l’ordre. J’étais soulagé », poursuit Alzner, qui dit avoir songé à rebrousser chemin pour aller jouer le match à Utica, question de ne pas « abandonner » ses coéquipiers, mais que son coeur lui dictait d’aller rejoindre ses deux amours.

Les choses en perspective

Bennett n’était donc vieux que de quelques heures quand il a montré à ses parents qu’il était bien différent de sa soeur Stella, aujourd’hui âgée de cinq ans, et de son grand frère, Anson, qui a trois ans et demi. « Avant d’avoir ton premier enfant, tu te dis que ça va se passer comme dans les films: la femme accouche et pleure de joie, le papa aussi et le bébé va bien, image Alzner. Mais ce n’est pas toujours comme ça que ça se passe. Il y a tellement de choses qui peuvent survenir durant un accouchement! Stella a vécu des petites complications à la naissance, mais rien de grave, alors que tout a bien été avec Anson. Bennett, lui, a vécu 48 heures assez folles, mais il s’en est vite remis. Aujourd’hui, il est en parfaite santé. »

Ces deux jours sur le qui-vive ont remis les choses en perspective pour Mandy et Karl. Au fond, la perte de vitesse du défenseur de 31 ans, son renvoi dans la Ligue américaine et les critiques quant à son salaire moyen (4,625 M$) perdent de leur importance quand tu crains pour la vie de ton enfant. « Je le répète à ma femme depuis l’arrivée de Stella: le hockey est une grosse partie de notre vie et dicte notre horaire huit ou neuf mois par année, mais c’est secondaire. Ma priorité, notre priorité, c’est la famille. Je suis un père bien avant d’être un joueur de hockey. »

Une dernière phrase que certains partisans du Canadien devraient lire et relire.