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JAKE EVANS SUR LES TRACES DE RUDY

Comme Rudy, il est allé à Notre Dame et il tente de se faire une toute petite place dans un monde de géants. Jake Evans rêve que le Canadien lui donne une première chance de se faire valoir et du jour où la foule du Centre Bell scandera à l’unisson: « E-vans! E-vans! E-vans! ».

Raphaël Doucet 91.9 Sports

Evans l’avoue, il ne connaissait pas grand-chose de l’Université Notre Dame quand il a décidé d’y poursuivre ses études et sa carrière, en 2014. « Rien, mis à part Rudy », sourit-il, en faisant référence au film de 1993 racontant le parcours de Rudy Ruettiger, dont le rêve le plus cher était de jouer au football pour les Fighting Irish de Notre Dame, malgré son petit gabarit de 5 pi 6 po et 165 lb.

Un exploit qu’il a réalisé en 1975, à sa dernière année d’admissibilité… le temps de trois jeux. Sur le dernier, il a réalisé un sac du quart. C’est ce qu’on appelle saisir sa chance!

Evans espère avoir une chance de la sorte, mais avec le CH. Il n’est pas très gros lui non plus, à 6 pi et 185 lb, selon les chiffres officiels de la Ligue américaine. Mais demandez à quelqu’un qui l’a côtoyé, il est plus chétif que ça.

Depuis ses premiers coups de patin qu’il se fait dire par certains qu’il est trop petit. Il a toujours dû se battre pour être sélectionné par les entraîneurs lors des camps d’entraînement, puis pour les convaincre de lui accorder du temps de jeu décent.

La NCAA, un choix facile

Evans aurait pu crier victoire quand les Rangers de Kitchener l’ont choisi au huitième tour du repêchage de la Ligue junior de l’Ontario (OHL), en 2012. Il leur a plutôt dit non merci. « Plusieurs équipes de la OHL m’avaient approché, mais je leur ai rapidement fait comprendre que j’irais jouer dans la NCAA, souligne le Torontois. Plus jeune, je regardais jouer mes cousins [Patrick et Michael Kennedy] à l’Université Cornell et ça me faisait rêver. »

En 2014, après deux saisons avec les Buzzers de St. Michael’s, au niveau junior A ontarien, Evans a réalisé deux rêves. Le premier, celui d’être repêché par une équipe de la Ligue nationale, en l’occurence le Canadien, en septième ronde. Le deuxième, celui de joindre les rangs de l’Université Notre Dame, dans l’Indiana. « Cornell, Penn State et Western Michigan m’avaient aussi approché, se souvient le centre de 23 ans. Mais Notre Dame venait de bâtir un tout nouvel aréna, c’est l’une des universités les plus réputées au niveau académique et elle investit aussi beaucoup d’argent dans ses programmes sportifs. Là-bas, on te traite comme un pro. J’ai adoré mes quatre années là-bas! »

À Notre Dame, Evans voulait non seulement s’améliorer sur la glace, mais aussi performer sur les bancs d’école, question de se donner un plan B si jamais il ne réussissait pas à percer au hockey. « L’école a toujours été importante pour moi. J’ai gradué en administration des affaires [business]. Dans la NCAA, tu as moins de matchs et plus de temps pour t’entraîner. Avant d’entrer à Notre Dame, j’ai notamment pris 15 livres durant l’été. Avant ça, j’étais très maigre. Je crois que je me serais fait tuer dans la OHL », blague Evans, qui a conclu sa carrière universitaire avec 46 points en 40 matchs, en 2017-2018.

Puis, l’an dernier, il a surpris dans la Ligue américaine avec une saison recrue de 45 points en 67 matchs, devenant rapidement le premier centre du Rocket.

Cette saison, il domine Laval avec 25 points en 37 matchs, lui qui s’est ressaisi après un lent départ ponctué de seulement 4 passes en 17 rencontres. De l’avis de plusieurs, il devrait être le prochain attaquant du Rocket à être rappelé par le Canadien, si besoin il y a.

Sous-estimé?

Avec le recul, Evans croit qu’il ne serait pas aussi près de la LNH s’il n’avait pas opté pour la NCAA, qu’il recommande à tous les jeunes qui souhaitent vivre une expérience unique combinant sport et études. « À Notre Dame, tous les sports sont importants. Les étudiants supportent vraiment leurs équipes. Le hockey n’est pas aussi gros que le foot, c’est sûr, mais on jouait devant 5000 spectateurs. C’est une université très riche. Nos voyages se faisaient en avion et on mangeait toujours bien. »

Ayant grandi à Toronto, Evans ne connaissait pas la glorieuse tradition de football de Notre Dame — détentrice du cinquième rang de l’histoire de la NCAA au chapitre des victoires — quand il est devenu un Fighting Irish. «Je suis devenu fan de foot au fil du temps. Le party commence tôt le samedi matin, au tailgate. Et l’ambiance est folle dans le stade [NDLR: le Notre Dame Stadium peut accueillir 80 795 spectateurs]. Avec mes coéquipiers, j’allais à pratiquement tous les matchs locaux », conclut Evans, un espoir du Tricolore que l’on a trop souvent tendance à sous-estimer. Comme Rudy.