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ÉRIC LÉVESQUE: 25 ANS AU SERVICE DES JOUEURS

Contrairement à plusieurs de ses « coéquipiers » du Rocket, il n’a jamais été repêché. Il ne marque pas de buts et ne récolte pas de passes, mais son apport est vital au succès du club. Et il est probablement celui qui passe le plus de temps à l’aréna. Éric Lévesque, vous connaissez? Sûrement pas. Entrevue avec le gérant de l’équipement des Lavallois.

Raphaël Doucet – 91.9 Sports

L’aventure de Lévesque dans un vestiaire de hockey commence en 1995-1996, lors de la toute première saison de l’Océanic de Rimouski dans la LHJMQ. Quelques jours après la nomination de Doris Labonté, comme directeur général, et de Gaston Therrien, comme entraîneur-chef, Lévesque est embauché comme gérant de l’équipement, après cinq années passées à… conduire des autobus pour handicapés.

« Je connaissais Doris parce que ses frères m’avaient déjà coaché au baseball, précise Lévesque. Quand il m’a proposé le poste, j’ai hésité, parce que je n’avais jamais fait ça! J’ai fait mes recherches pour savoir comment aiguiser des patins et changer des rivets, puis j’ai appris sur le tas. Me voici 25 ans plus tard, avec le club-école du Canadien. »

À sa première saison avec l’Océanic, Lévesque n’a pas beaucoup dormi. Rapidement, Doris Labonté a compris que ça lui prenait de l’aide. Plusieurs adjoints ont défilé à ses côtés jusqu’à ce que Francis St-Pierre soit engagé à temps plein, en 1997-1998.

St-Pierre et Lévesque ont formé un duo pendant 22 ans, ce qui ne se voit pratiquement jamais dans le monde du hockey. Ils ont fait ensemble le saut de l’Océanic aux Bulldogs de Hamilton, dans la Ligue américaine, en 2013-2014.

« Vers la fin de la saison 2012-2013, je sentais que j’avais fait le tour du jardin à Rimouski, se souvient Lévesque. J’avais prévu un voyage dans le sud avec ma conjointe, où j’allais prendre une décision sur mon avenir. J’étais même prêt à changer carrément de domaine si une nouvelle opportunité ne se présentait pas. Avant mon voyage, j’ai contacté Pierre Gervais [gérant de l’équipement du Canadien], mais il n’avait rien à m’offrir. À mon retour, Donald Dufresne, que j’avais connu avec l’Océanic, m’a appelé pour me dire que Hamilton se cherchait quelqu’un. Il m’a dit d’appeler Sylvain Lefebvre, qui m’a convoqué en entrevue. J’ai été engagé et je savais, dès le jour 1, que le Canadien avait des standards très élevés et que j’allais devoir être encore meilleur. »

Septième saison avec le CH

Lévesque a relevé le défi, car après deux saisons à Hamilton et deux autres à St. John’s, le voici à sa troisième année à Laval. Cette saison, il n’est plus flanqué de Francis St-Pierre, mais bien de Chris MacDonald, lui aussi un ancien de la LHJMQ, avec les Mooseheads de Halifax.

Lévesque a côtoyé à peu près tous les meilleurs espoirs du Canadien au cours des dernières années. Parfois, il doit délaisser son rôle primaire pour celui de grand frère, pour ne pas dire de père. « Mais je ne suis pas un psychologue sportif, tient-il à nuancer. Je ne veux pas non plus devenir le confident par excellence et que l’ambiance au boulot devienne lourde pour moi. Par contre, je suis à l’écoute des joueurs et quand je vois qu’ils ne feelent pas, pour telle ou telle raison, je n’hésite pas à les aider à trouver des solutions. Les gars sont costauds et certains ont l’air vieux, mais dans le fond, ils ne sont pas vieux et ont besoin d’être encadrés. »

L’amour à distance

Comme n’importe quel gérant de l’équipement d’une équipe professionnelle, Lévesque en travaille une shot avec le Rocket. Pour vous donner une idée, lors des jours de matchs, il passe facilement une quinzaine d’heures à la Place Bell.

Et sur la route, si le Rocket doit changer de ville après un match, il se couche rarement avant 3h ou 4h du matin, question d’aller laver et placer l’équipement des joueurs à l’aréna en vue de l’entraînement du lendemain, où il arrive bien avant les joueurs, soit vers 8h.

« J’adore mon travail, mais aucune job n’est parfaite. Entre autres, depuis sept ans, je ne vois pas beaucoup ma copine [Louise Gagné], puisqu’elle est demeurée à Rimouski, où elle est adjointe administrative au cégep. Il y a quelques années, pendant que j’étais à St. John’s, ma blonde était à Rimouski et notre gars [Samuel] était à Ottawa pour ses études. On était dans trois provinces différentes! »

Souvent, on demande aux joueurs de se donner corps et âme pour l’équipe et de mettre de côté leur gloire personnelle. Ils devraient prendre exemple sur Éric Lévesque.