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DANIEL JACOB: DU JUNIOR AU PRO

Après quatre saisons comme entraîneur-adjoint avec l’Armada de Blainville-Boisbriand, Daniel Jacob a suivi Joël Bouchard quand il a fait le saut avec le Rocket, à l’été 2018. Jacob est donc très bien placé pour comparer le métier de coach dans les rangs juniors et professionnels.

Raphaël Doucet – 91.9 Sports

Commençons par les individus. Dans le junior, les jeunes ont de 16 à 20 ans et vont à l’école. Dans le pro, ce sont des adultes de 20 à 35 ans qui, pour certains, ont des enfants. Le hockey y est une business de résultats, avec de gros dollars d’impliqués.

Sauf que dans la Ligue américaine, le développement des joueurs pour le « grand club » importe parfois plus que les victoires. Parfois, mais pas toujours.

Qu’à cela ne tienne, Jacob ne remarque pas une grande différence dans son travail quotidien. « Un joueur de hockey est un joueur de hockey, qu’il ait 16, 26 ou 36 ans, répond sans hésiter le responsable des défenseurs du Rocket. Il veut savoir ce qu’il fait de bien et de mal. En cas de problèmes, il veut qu’on lui présente des solutions. La principale différence, ce n’est pas sur la glace ou dans le vestiaire, mais dans la vie quotidienne des joueurs. Pour les pros, les tracas sont reliés à leur job ou leur famille. Dans le junior, c’est relié à l’école, la famille, la famille de pension, les filles, les amis, etc. »

Certains auraient tendance à dire que c’est plus facile coacher chez les pros. Après tout, les joueurs sont plus expérimentés et plus matures, donc il doit être plus « facile » pour eux de comprendre les directives et les correctifs à apporter dans leur jeu, non? « Chez les pros, le désir de s’améliorer est comme encré chez les joueurs, note Jacob. Avant ou après un entraînement ou un match, ils veulent faire de la vidéo pour voir les points positifs et négatifs dans leur jeu. Ils sont aussi capables de mieux s’ajuster en cours de match et assimilent mieux les informations qu’on leur donne sur l’adversaire. Mais ce serait faux de dire que c’est plus facile coacher des pros, car ils en veulent plus et tu dois leur en donner plus. »

Une expérience utile à McGill

Jacob avait 30 ans quand il a commencé sa carrière d’entraîneur, en 2010, en tant qu’adjoint à l’Université McGill. Il venait alors tout juste de compléter sa carrière professionnelle comme défenseur, lors de laquelle il a joué en Autriche, en Suède et en Serbie. Puis, en 2014, il a accepté l’offre de Joël Bouchard pour devenir son adjoint avec l’Armada.

Ces deux expériences lui servent aujourd’hui. « J’ai beaucoup appris et sans ça, je n’aurais pas été aussi prêt pour les rangs professionnels, souligne l’homme de 39 ans. Au hockey universitaire, tu joues seulement deux matchs par semaine et les joueurs sont plus vieux. L’enseignement est totalement différent: tu prends plus ton temps et tu peux aller plus loin avec le joueur. Dans la LHJMQ, c’est vraiment un emploi temps plein. Il y a plus de matchs et il faut gérer et appuyer le jeune dans sa situation personnelle. Ce fut deux belles écoles de coaching et de vie. »

Le voyagement

Avec l’Armada, Jacob était habitué à un calendrier de 68 matchs. Passer à 76 dans la Ligue américaine n’a donc pas demandé une grande adaptation, dit-il, mais le voyagement, oui. « Dans le junior, il y a des longs trajets comme Cap-Breton, Charlottetown ou Halifax. Dans la Ligue américaine, tu fais maximum sept heures d’autobus, sinon tu prends l’avion. Mais les voyages sont plus longs. Dans le junior, tu ne pars jamais cinq, six, sept ou huit jours collés… »

Partir pour un long voyage a évidemment un impact sur la famille. À ce chapitre, Jacob se dit très reconnaissant envers son épouse Danica — qu’il a rencontrée en Serbie — et leur fils de huit ans, Teodor. « C’est sûr que c’est parfois raide pour eux, mais on essaie de demeurer uni et positif. Quand on est à Laval, j’arrive vers 6h à l’aréna question de finir plus tôt pour aller chercher mon gars à l’école, à 14h50. Ce n’était pas possible dans le junior, puisqu’on s’entraînait l’après-midi. L’été, il y a le camp de développement du Canadien, le camp des recrues et quelques trucs ici et là, mais ce n’est pas comme dans le junior où tu as l’impression de ne jamais arrêter », conclut Jacob, qui se considère très choyé de pouvoir bien gagner sa vie en exerçant le métier qui le passionne.