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DALE WEISE TOUJOURS EN DÉSAVANTAGE NUMÉRIQUE

Par Raphaël Doucet

Au hockey, on ne peut pas évoluer à deux contre quatre. Mais dans la vie de Dale Weise, c’est possible. En fait, ce l’est depuis l’arrivée des jumeaux Jersey Taylor et Hayes Randall, en avril dernier, qui a fait en sorte que Dale et son épouse, Lauren, jouent maintenant constamment en désavantage numérique à la maison.

« C’est le chaos, lance Weise en toute honnêteté. Les jumeaux ne dorment pas très bien la nuit et ne font pratiquement pas de sieste le jour. On essaie d’implanter une routine avec eux, mais ça ne fonctionne pas vraiment. En plus, nos deux plus vieux ont seulement six et quatre ans. Je te le dis, c’est le chaos! »

Déjà parents de Hunter et Jordana, Lauren et Dale savaient qu’ils jouaient avec le feu en essayant d’avoir un troisième enfant. « Ma femme est jumelle et sa grand-mère a également eu des jumeaux, précise l’ailier droit de 31 ans. Alors, on savait qu’en avoir était une possibilité [NDLR: l’hérédité des jumeaux vient du côté de la mère]. Le début de sa grossesse ne s’est pas déroulé comme les deux autres. Lauren a été très malade. On s’est dit, à ce moment, que c’était peut-être des jumeaux. À la première échographie, après deux secondes, le docteur a dit qu’il y avait deux bébés! On était sous le choc, mais aussi très excité. Avoir des jumeaux, c’est une bénédiction. Et quand on a su qu’ils étaient de sexe différent, on était encore plus content. »

Jersey Taylor et Hayes Randall sont donc arrivés au moment même où Weise terminait sa saison de fou partagée entre quatre clubs différents: Philadelphie, Lehigh Valley, Laval et Montréal. À travers tout ce va-et-vient, Lauren, enceinte jusqu’au cou, a décidé de retourner vivre à Winnipeg avec les deux plus vieux, question d’être entourée de sa famille et de celle de Dale.

Brossard-Laval, chaque jour

Puis, en septembre dernier, toute la famille a aménagé à Brossard. Mais déception, Weise a été retranché par le Canadien au camp d’entraînement et a été cédé à Laval. Il doit donc traverser de la rive-sud à la rive-nord, matin et soir.

« Mon focus sur le hockey n’est pas ce qu’il a déjà été, avoue Weise. Je me lève chaque matin à six heures pour préparer les deux plus vieux pour l’école et la garderie. Je vais les reconduire, puis je pars pour Laval, dans le trafic. Après l’entraînement, je reviens à la maison et j’aide ma femme avec les jumeaux. Le soir, la routine reprend: je vais chercher les grands, on soupe, on joue, on donne le bain et dodo. Je me couche presque en même temps que mes enfants! »

Contrairement à Monsieur et Madame tout-le-monde, Lauren et Dale ont les moyens de se payer de l’aide. Une nounou vient donc à la maison quatre ou cinq fois semaine, pour les aider avec les bébés, le ménage et les repas.

Sauf que contrairement à Monsieur et Madame tout-le-monde, Weise est parti avec le Rocket une dizaine de jours par mois, d’octobre à avril. « Ma femme se donne corps et âme pour les enfants. Les deux heures par jour que je perds dans le trafic sont deux heures où je ne suis pas là pour l’aider. En plus, je suis souvent parti sur la route. Je suis chanceux de l’avoir, nos enfants aussi », dit Weise avec amour.

Bien seul chez le Rocket

Le numéro 21 doit parfois se sentir bien seul dans le vestiaire du Rocket. Karl Alzner, Charles Hudon (rappelé par le Canadien en fin de semaine) et Xavier Ouellet sont les seuls autres papas du groupe, mais aucun d’entre eux n’a des jumeaux. Sinon, la majorité de ses coéquipiers ont 20, 21 ou 22 ans et pour eux, devenir père n’est même pas encore un projet!

Weise est toutefois très heureux dans son rôle de patriarche et fait tout en son pouvoir pour ne pas négliger Hunter et Jordana, qui sont encore en âge de réclamer souvent papa et maman. « On fait un effort pour passer un maximum de temps avec eux, souligne Weiser. On ne veut pas qu’ils se sentent tassés. Souvent, le soir, ma femme se concentre sur les jumeaux et moi, sur les deux plus vieux. Parfois, je vais manger au restaurant avec Hunter ou Lauren y va avec Jordana, en tête-à-tête. »

Du côté de Jersey Taylor et Hayes Randall, ils ne se destinent pas à être les prochains jumeaux Sedin. Ils sont déjà très différents, autant physiquement que mentalement. « Mon fils est souriant et il rit tout le temps, alors que ma fille est plus sérieuse. En plus, mon gars mange beaucoup, ce qui fait qu’il est presque deux fois plus gros! »

L’histoire de Dale Weise démontre, une fois de plus, qu’il ne faut jamais oublier l’homme derrière l’athlète. Dans son cas, le fait que l’homme soit fatigué et préoccupé explique en partie — pas complètement, on s’entend — pourquoi l’athlète est dans la Ligue américaine et non plus dans la Ligue nationale.