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ALEX BELZILE UN VILLAGEOIS DANS LA VILLE

Raphaël Doucet

91.9 Sports

Atteindre le niveau professionnel n’est jamais facile, peu importe le sport que l’on pratique. Ce l’est encore moins quand tu nais et grandis dans un village de 300 habitants. Parlez-en à Alex Belzile, qui a bien voulu nous raconter sa jeunesse à Saint-Éloi, dans le Bas-Saint-Laurent.

« Pour situer les gens, Saint-Éloi, c’est entre Trois-Pistoles et l’Île-Verte. Tout le monde se connaît, c’est très mollo, très paisible. J’ai adoré grandir là et j’adore y retourner », note l’ailier droit maintenant âgé de 28 ans.

Voulant imiter son grand frère Patrick — qui a joué quatre ans pour les Redmen de l’Université McGill —, Belzile a commencé très jeune à jouer au hockey. Au début de l’adolescence, il aurait pu faire comme bien d’autres Éloisiens avant lui et quitter le village pour jouer à un meilleur calibre, par exemple à Mont-Joli, à 1h15 de route. Mais ce n’était pas possible. « Pour mes parents, c’était beaucoup de sous. Ce n’était pas envisageable pour eux de me payer une pension », se rappelle Belzile, dont les parents ont une compagnie d’autobus scolaires qui dessert Saint-Éloi et Trois-Pistoles.

Belzile ne s’est toutefois jamais senti « coincé » de demeurer dans son village. Il y était heureux, entouré de sa famille et de ses amis, et se concentrait sur l’école. « À 15 ans, j’ai été retranché du midget espoir, même chose l’année suivante dans le midget AAA, se souvient le numéro 22. On ne peut pas dire que je ne me suis pas essayé! Me faire couper du midget AAA m’a donné un coup. C’est à ce moment que j’ai commencé à vouloir prouver aux gens ce dont j’étais réellement capable. »

« À 17 ans, je jouais midget AA et j’ai déménagé en appartement à Rivière-du-Loup pour le cégep, poursuit Belzile. Puis, à 18 ans, je suis allé jouer junior AAA à Sherbrooke [Collège Champlain] et à 19 ans, je suis revenu dans mon coin pour jouer ma première de deux saisons avec l’Océanic de Rimouski. »

À Rimouski à 19 ans

Belzile a effectivement attiré l’attention de l’Océanic au terme de sa saison midget AA, au repêchage de la LHJMQ de 2009. Choix de 11e tour des Rimouskois, il a joué deux saisons et demie avec les Nics, terminant premier marqueur de l’équipe en 2011-2012, avec 92 points.

Ont ensuite suivi cinq saisons ponctuées d’allers-retours entre la Ligue américaine et la Ligue de la Côte Est, où il a remporté la coupe Kelly à deux occasions, en 2014 et 2017.

Ce dernier titre dans la ECHL a permis à Belzile de finalement passer une saison complète dans la LAH, en 2017-2018, avec le Rampage de San Antonio. Après avoir récolté 34 points en 61 matchs, Belzile a reçu un appel de son agent lui disant que le Rocket voulait lui offrir un contrat. Un Québécois pouvant jouer pro chez lui? Go!

Belzile a remercié ses nouveaux employeurs en connaissant la meilleure saison de sa carrière, l’an dernier, avec 54 points en 74 matchs. Meilleur marqueur et joueur par excellence du Rocket, Belzile a finalement vu son rêve être exaucé, l’été dernier, alors qu’il a apposé sa signature au bas d’un contrat de la Ligue nationale, avec le Canadien. Cette entente lui rapporte 200 000$ à Laval ou 700 000$ si jamais il est rappelé à Montréal.

Un vrai travaillant

Une récompense pleinement méritée après tant d’années d’obstacles et de dur labeur. Et ne comptez pas sur Belzile pour s’asseoir sur ses lauriers! Il suffit de l’avoir vu jouer au camp d’entraînement du CH pour comprendre à quel point il a toujours le pied au plancher. « Les villageois, on est des travaillants. Pour nous, l’éthique de travail est importante. Ça me sert au hockey. À Saint-Éloi, on est du monde sociable, serviable, généreux, pas vraiment stressés. Pour nous, la vie est belle et on en profite », mentionne Belzile, qui savoure chaque minute de ce qui lui arrive.

À preuve, il s’est finalement permis « un premier vrai voyage cet été », alors qu’il est parti deux semaines à Hawaii avec sa copine.

Ça, c’était évidemment après un heureux séjour à Saint-Éloi. « À chaque fin de saison, j’y retourne une semaine ou deux. Je passe du temps avec mes parents et mes amis du secondaire, dont plusieurs habitent encore près du village. J’ai encore ma chambre chez mes parents! Chaque fois que je vais à Saint-Éloi, je décroche », note l’adjoint au capitaine du Rocket.

Comme quoi on peut sortir l’homme du village, mais pas le village de l’homme.